Source: L’Echo, 13/09/2017
Tous les gestionnaires de fonds tentent en effet d’appliquer un minimum de principes éthiques. Ne fût-ce que parce que c’est devenu obligatoire. La loi Mahoux interdit ainsi tout investissement dans des armes controversées. Par ailleurs, les entreprises qui violent les principes de “Global Impact” des Nations Unies (droits de l’Homme, anti-corruption, environnement, etc.) sont exclues des fonds belges.
Certains gestionnaires vont cependant plus loin. KBC Asset Management évite toute spéculation sur les prix des produits alimentaires, ce qui exclut de ses fonds les investissements dans l’agriculture et l’élevage. BNP Paribas Asset Management a récemment réduit ses investissements dans le charbon (production d’électricité et mines), tandis qu’AXA Investment Managers exclut en grande partie les investissements dans le secteur de l’huile de palme.
En plus de l’exclusion de certaines entreprises, les scores obtenus sur la base de critères environnementaux (Environment), sociétaux (Social) et de gouvernance (Governance) – en bref ESG – jouent un rôle de plus en plus important dans les décisions d’investissement des gestionnaires. Chez AXA Investment Managers, 58% des actifs sous gestion intègrent les critères ESG. “Chez Candriam, les scores ESG font partie de notre modèle de gestion depuis 2010. C’est en parfaite cohérence avec notre conviction que les entreprises durables sont celles qui créent le plus de valeur à long terme”, explique Wim Van Hyfte, responsable de la durabilité chez Candriam.
Ceci étant dit, les différences entre un fonds traditionnel et un fonds durable restent importantes. Dans les fonds durables (ISR ou Investissements Socialement Responsables), les secteurs exclus sont plus nombreux. Dans les fonds durables de KBC Asset Management par exemple, on ne trouvera aucune entreprise du secteur des paris, du tabac, de l’aéronautique et de la défense, de la fourrure et de la pornographie. De plus, dans les fonds durables, les scores ESG ont un caractère contraignant.
Nous avons demandé à une dizaine de gestionnaires quels sont leurs fonds durables préféres. Globalement, ceux-ci peuvent être répartis en trois catégories.
1. Les fonds “premiers de classe”
C’est de loin la principale catégorie parmi les fonds durables. C’est aussi le groupe qui a connu la croissance la plus spectaculaire au cours des dernières années sous l’impulsion des fonds institutionnels. Le principe de “best-in-class” (premiers de classe) consiste à sélectionner dans chaque secteur les entreprises qui affichent les meilleurs scores en matière de durabilité. Un producteur de pétrole pourra donc se retrouver dans un fonds ISR s’il est plus durable que ses concurrents. Malgré tout, les gestionnaires ne sont pas aveugles face aux controverses qui règnent dans certains secteurs. “Seuls les 40% supérieurs d’un secteur peuvent être retenus. Mais dans le secteur minier et celui de l’énergie, seuls les 20% supérieurs sont pris en considération”, explique-t-on chez KBC Asset Management.
Dans le fonds DPAM Invest B Equities World Sustainable, tous les pays sont admissibles. Le fonds affiche un rendement annuel moyen de 8,4% sur cinq ans. Candriam SRI Equity Emerging Markets se concentre lui sur les pays émergents. Avec un rendement annuel moyen de 7,2% sur cinq ans, le fonds de Jan Boudewijns fait mieux que l’indice des marchés émergents. De plus, ces sociétés ont une empreinte carbone inférieure aux actions reprises dans l’indice de référence. Ceux qui investissent dans les marchés émergents via un indice comme le MSCI Emerging Markets Index sont investis en grande partie dans des entreprises publiques, où il reste beaucoup de pain sur la planche en termes de respect de l’environnement et de gouvernance.
NN (L) Patrimonial Balanced European Sustainable est un nouveau venu. Le fonds n’a adopté une étiquette durable qu’à la fin de l’an dernier. Depuis lors, les actifs sous gestion ont augmenté de 70%, pour atteindre 179 millions d’euros. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un fonds mixte, qui comprend également des obligations “vertes”, à savoir des obligations émises spécifiquement pour financer des projets environnementaux.
La plupart de ces fonds évaluent les actions sur la base d’une série de facteurs de durabilité. AXA WF Framlington Human Capital se concentre par exemple sur la gestion du personnel et se limite aux small et mid caps européennes. Les petites entreprises qui réussissent à attirer et à garder des talents bénéficient à terme d’un avantage concurrentiel, estime le gestionnaire. Depuis sa création en 2007, le fonds fait mieux que l’indice des small caps européennes. Sur ces cinq dernières années, il affiche un rendement annuel moyen de 9,7%.
Les fonds durables qui se concentrent sur les petites et moyennes capitalisations, comme le fonds d’AXA, sont relativement rares. Cela s’explique par le fait que les petites entreprises ne disposent pas toujours de scores en matière de durabilité et ne sont donc pas reprises dans les banques de données de bureaux spécialisés comme Sustainalytics.
2. Fonds thématiques
Si la catégorie “best-in-class” a clairement été le moteur de croissance de ces dernières années, BNP Paribas Asset Management s’attend pour le proche avenir à une croissance de la catégorie des “fonds thématiques”, qui se concentrent sur un défi sociétal spécifique, comme le changement climatique, l’énergie renouvelable ou l’eau. C’est dans cette catégorie que l’on espère susciter l’intérêt des particuliers. Les “millenials” – qui, d’après les enquêtes, s’intéressent aux investissements durables –
s’identifieraient plus facilement à un fonds thématique qu’à un fonds “best-in-class”.
Les investisseurs doivent malgré tout savoir que cette catégorie est plus risquée, étant donné que ces fonds se limitent à un, voire quelques secteurs. Au niveau géographique, on constate en règle générale une pondération importante des actions US dans ces portefeuilles. En effet, pour ces secteurs spécifiques, les gestionnaires disposent d’un choix plus large sur la Bourse américaine.
BNP Paribas L1 Equity World Aqua investit par exemple dans des entreprises actives dans l’épuration des eaux. L’industrie et les services aux collectivités représentent les deux tiers du portefeuille. Les actions françaises Suez et Veolia Environment se classent dans le Top 5, accompagnées de nombreuses actions américaines. Ces trois dernières années, le fonds affichait un rendement annuel moyen de près de 11%.
Le banquier privé suisse Pictet propose lui aussi plusieurs fonds thématiques. “Ces fonds sont traditionnellement populaires auprès des particuliers, mais nous nous attendons à une hausse de la demande des institutionnels également, car c’est pour eux une façon d’augmenter leurs positions dans l’économie verte”, explique le responsable belge de la durabilité, Eric Borremans. Pictet Global Environmental Opportunies investit dans les secteurs de l’eau, des énergies renouvelables et dans les domaines agricole et forestier. Si aucune limite ne lui est imposée au plan géographique, son portefeuille comprend malgré tout 58% d’actions américaines. Son rendement annuel moyen sur cinq ans se monte à 11,6%.
Schroder ISF Climate Change recherche les entreprises qui profiteront des efforts entrepris au niveau mondial pour limiter les conséquences du changement climatique. Le Top 3 des positions du portefeuille comprend les géants internet Alphabet, Amazon et Alibaba. Une société belge fait partie du Top 10: Umicore. Le fonds existe depuis 10 ans et affiche un rendement annuel moyen de 4,6% depuis sa création.
3. Fonds “à impact”
“Cette catégorie est réservée aux investisseurs très dynamiques”, prévient KBC Asset Management, qui propose le fonds KBC Eco Fund Impact Investing. Le fonds investit dans des entreprises qui apportent une contribution positive à l’environnement ou à la société et qui jouent un rôle de précurseur en la matière. Ce fonds investit lui aussi dans Umicore, qui occupe même la première place avec 3,4% du portefeuille. On trouve ensuite l’action néerlandaise DSM, active dans la chimie fine et l’alimentation spécialisée et qui est reconnue comme étant un pionnier dans la durabilité. Le fonds affiche un rendement moyen de 10,9% par an.
Si le fonds de KBC met l’accent sur les actions européennes, Blackrock SF Impact Equity joue quant à lui la carte des grandes entreprises, principalement américaines. Le Top 3 comprend Apple, Microsoft et la société suisse Roche. Depuis le début de l’année, le fonds est quasiment stable, ce qui s’explique bien entendu par la baisse du dollar. Nous ne disposons pas de résultats plus anciens.
L’avantage des fonds à impact réside dans une plus grande diversification comparé à la plupart des fonds thématiques.
- AXA World Funds – Framlington Human Capital A Capitalisation EUR
- DPAM INVEST B Equities World Sustainable B Capitalisation
- NN (L) Patrimonial Balanced European Sustainable – P Cap EUR (hedged ii)
- BNP Paribas L1 Equity World Aqua Classic EUR CAP
- Pictet – Global Environmental Opportunities P EUR
Ou consultez ici notre ‘Top 5 fonds durables’. Sur cette page, vous trouverez une liste de fonds qui répondent aux critères de sélection rigoureux de la BEAMA, ‘Association belge des Asset Managers’. La gestion de ces fonds tient compte des trois dimensions de durabilité : environnement, société et bonne gouvernance.
Fonds est le nom populaire pour OPC (Organisme de Placement Collectif). Un OPC est une entreprise qui réunit plusieurs investisseurs et investit leur argent déposé dans diverses options d’investissement, comme les actions, les obligations, les liquidités, etc., afin de répartir le risque. Avant de procéder à l’investissement, vous devez lire et évaluer le KIID et le prospectus correspondant. Le KIID énonce les objectifs, la politique d’investissement, les risques et avantages, les frais et un historique de performance des fonds.
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