Ecrit par Gilles Coens, expert en investissements chez MeDirect.
Quand pensez-vous que l’économie belge retrouvera son niveau d’avant la crise de Corona ? L’agence internationale d’études de marché Ipsos s’est penchée sur cette question en Belgique et dans 28 autres pays mondiaux. Le 5 août 2021, Ipsos a publié les résultats d’une enquête qui évaluait le temps que les habitants des pays participants pensaient nécessaire pour que leur économie locale se remette des conséquences de la pandémie. Examinons la relation entre cette confiance dans la reprise de l’économie et ce qui s’est passé sur les marchés, et penchons-nous ensuite sur ce que cela signifie pour vos investissements.
Sur la voie d’une reprise économique rapide ?
Dans quelle mesure les pays participants sont-ils confiants dans la rapidité de la reprise de leur économie ? L’enquête montre que les impressions sont très diverses en fonction des pays.
Tout d’abord, jetons un coup d’œil sur la Belgique : 3% des Belges pensent que l’économie s’est déjà redressée, 16% estiment que cela se produira dans l’année, 39% sont d’avis que ce ne sera le cas que d’ici
2 à 3 ans et 42% ont une vision plus pessimiste et pensent qu’il faudra plus de 3 ans.
A l’opposé, en Chine, la vision est beaucoup plus optimiste : 56% des Chinois sont convaincus que l’économie s’est déjà redressée et à peine 3% pensent que cela prendra plus de trois ans.
Un pays qui se montre beaucoup plus pessimiste que la belgique est la Russie, 66 % des personnes interrogées estimant que la reprise prendra plus de trois ans.
Les Américains sont un peu plus optimistes, 7% sont convaincus que l’économie s’est déjà redressée et 32% d’entre eux pensent que l’économie américaine se redressera dans l’année,
soit deux fois plus qu’en Belgique.
Plus près de nous, en Europe, on remarque que nous sommes à peu près dans le même état d’esprit que les Français, mais nettement moins positifs que les Néerlandais et les Allemands.
Quels sont donc les facteurs à l’origine de cette reprise économique ? Pour tous les participants, globalement, 3 facteurs se distinguent : premièrement il s’agit de l’emploi (la reprise du travail ou retrouver un nouvel emploi),
suivi par la création de nouvelles entreprises et enfin par la reprise du tourisme.
Un gros plan du marché
Cette année a généralement été positive sur les principaux marchés boursiers, et le mois d’août n’a pas fait exception. Néanmoins, nous avons vu à mi-août que certaines inquiétudes
concernant le covid se font toujours ressentir. C’est principalement le variant delta qui a provoqué un retour de la volatilité. Si on se concentre sur la mi-août, on constate que l’indice boursier américain S&P
500 a baissé de 1,7% entre le 16 et 18 août et en Europe et l’Eurstoxx 50 de 2,5% entre le 13 et 19 août. Cette baisse est principalement due à des secteurs tels que l’énergie et les services financiers, qui
avaient connu une forte hausse pendant le rétablissement du covid, qui ont souffert pendant cette période.
“Cette année a généralement été positive sur les principaux marchés boursiers, et le mois d’août n’a pas fait exception.”
La banque centrale a déclaré que l’avancée du variant delta, plus incontrôlable, pourrait encore retarder une reprise complète de l’économie, ce qui n’est pas une bonne nouvelle. Au même moment, les chiffres de ventes (US Retail Sales) décevants pour juillet ont été publiés aux Etats-Unis. Cela s’explique en partie par la baisse des ventes de voitures en raison de la pénurie mondiale de puces. Le prix du pétrole a également chuté de son point culminant de 75,37 USD/baril début juillet à 62,25 USD fin août. Enfin, le concept de “Tapering” est revenu sur le devant de la scène aux États-Unis. Il s’agit de la réduction des programmes d’achat d’obligations par la banque centrale (la “Fed”). Que la Fed procède à un “tapering” n’est pas illogique compte tenu de la reprise économique. La question est de savoir quand (peut-être déjà cette année) et à quel rythme. Ces injections de capitaux étant en elles-mêmes positives afin de soutenir l’économie et les marchés. Pour rappel, en 2013 la banque centrale a déjà procédé à un « tapering », qui a eu pour conséquence une vague de vente sur les marchés. Un évènement irrationnel et injuste. Les bourses ont poursuivi leur redressement par la suite. Aux Etats-Unis, ces vagues de ventes sont surnommées : « Taper Tantrum ».
Le secteur technologique chinois a enregistré des performances particulièrement mauvaises ces derniers temps. Cela est principalement dû aux nouvelles réglementations que Pékin impose, entre autres, sur la protection des données personnelles. L’objectif est de limiter la position dominante des géants technologiques tels qu’Alibaba et Tencent. Ces mesures, le président chinois a annoncé le 17 août qu’il allait également réguler les “revenus trop élevés” en faveur du bien commun. Cela a eu un impact négatif sur les actions du secteur du luxe comme LVMH, entre autres.
L’Europe a également été touchée par la chute des prix des produits de base, les inquiétudes concernant le variant delta et la possibilité d’une réduction progressive des taux d’intérêt par la Banque Centrale Européenne.
Qu’est-ce que cela signifie pour vos investissements ?
Les événements de la semaine du 16 août sont des fluctuations attendues. Il n’est pas illogique que la banque centrale ralentisse à un certain moment pendant les périodes de forte reprise. En outre, la hausse des prix des produits de base était le résultat d’une forte demande soudaine due au réveil de l’économie après des périodes de blocage.
Est-ce que cela se reproduira à l’avenir ? Plus que probable. Mais globalement, les indicateurs économiques restent positifs et les PMI (indice du pouvoir d’achat) restent favorables. En outre, les tendances de l’emploi sont généralement favorables et la consommation devrait également continuer à se redresser.
Une forte croissance, comme mentionné précédemment, peut inciter les banques centrales à réduire leurs programmes d’achat. Mais malgré une inflation plus élevée que prévu, la politique monétaire reste accommodante et aucune hausse des taux d’intérêt à court terme n’est en vue aux États-Unis ou en Europe.
Nous ne pouvons pas dire que les marchés sont bon marché aujourd’hui, mais n’oubliez pas que les marchés d’actions ont enregistré de fortes performances cette année, ce qui a entraîné des bénéfices pour les entreprises. Il sera donc important à l’avenir de regarder au-delà des résultats des entreprises.