Source: Ecrit par Gilles Coens, expert en investissements chez MeDirect
Tout comme le reste de l’année, le mois de décembre n’a pas échappé à la tendance de 2022. Les déclarations des banques centrales ont continué à jouer un rôle prépondérant sur les cours des actions. L’inflation plus faible au mois de novembre a fait espérer aux investisseurs une attitude plus souple des banques centrales, des hausses de taux d’intérêt moins nombreuses et moins importantes à l’avenir.
Le 14 décembre dernier, comme attendu par le marché, la Fed a augmenté ses taux d’intérêt de 0,50%, une hausse plus douce que la dernière en date, de 0,75%. Ce qui a freiné l’enthousiasme des investisseurs, ce sont les commentaires du président de la Fed, M. Powell : “On s’attend vraiment à ce que l’inflation des services ne diminue pas aussi vite, il faudra donc faire avec. “, a déclaré M. Powell lors de la conférence de presse de mercredi. “Nous devrons peut-être relever les taux d’intérêt plus haut pour arriver à nos fins”. Le ton n’était pas différent en Europe ; comme son homologue américain, Mme Lagarde a tenu un langage dur. La BCE devra également continuer à relever les taux d’intérêt à la même cadence, pour parvenir à la stabilité des prix. Le 15 décembre dernier, elle a relevé ses taux d’intérêt de 0,50%. Le consensus du marché prévoit que le taux de dépôt de la BCE se rapprochera systématiquement de 3 % l’année prochaine.
La crainte est que de nouvelles hausses de taux mènent de toute façon l’économie à une récession. Suite aux déclarations, le SP500 a perdu 2,5 %. Les marchés boursiers européens ont également plongé dans le rouge. Après une bonne période automnale sur les marchés boursiers, les investisseurs semblent avoir maintenant perdu un peu de leur enthousiasme.
2023 : la lumière au bout du tunnel ?
Les vues sont très divisées à propos de 2023 : de l’optimisme d’une reprise au printemps à une récession au premier semestre de l’année. Plusieurs analystes voient une forte probabilité pour une “récession légère” : une contraction limitée de l’économie et de nature plutôt courte.
Pour 2023, l’inflation sera un facteur décisif. Si elle continue de ralentir, les banques centrales auront moins de pression pour lutter contre cette inflation. Ce qui serait positif pour éviter une récession. Mais le message actuel des banques centrales est clair : elles mèneront une politique de ralentissement de l’économie dans le but d’atteindre la stabilité des prix.
En Europe, le conflit en Ukraine fait toujours rage et reste un risque majeur concernant les futurs approvisionnements en gaz. Actuellement, les réserves européennes en gaz restent confortables, mais l’hiver n’est qu’à son début. Si la demande s’accroit, les prix pourraient à nouveau augmenter, ce qui pousserait l’inflation à la hausse.
Mais il y a aussi quelques points positifs.
Au niveau local, la BNB ne prévoit pas de récession pour la Belgique. Au dernier trimestre de 2022, l’économie belge se contracterait, mais selon la BNB, l’économie se redresserait déjà au printemps 2023. Toutefois, la BNB s’inquiète des déficits budgétaires et de la compétitivité de la Belgique en raison de la hausse des coûts salariaux.
La plupart des analystes s’attendent à ce que l’inflation a atteint son pic, suite aux augmentations de taux des banques centrales. Ce qui alimente l’espoir que les banques centrales puissent appuyer sur le bouton pause au cours de l’année 2023. Les analystes se demandent actuellement si les banques centrales changeront leur fusil d’épaule en 2023, passant de politiques de lutte contre l’inflation à des politiques de stimulation de la croissance. Dans le jargon de la Fed ou de la BCE, on parle ici de “pivot”, c’est-à-dire qu’elles passeraient à des réductions de taux d’intérêt (vs les augmentations actuelles) si l’économie se contracte. Ce scénario est assez improbable, pour un tel revirement, il faudrait que les taux d’inflation baissent plus fortement et que l’emploi se détériore de manière drastique.
L’économie chinoise a été sous pression cette année en raison, entre autres, des problèmes du marché immobilier et de la politique stricte du gouvernement en matière de covid. Le gouvernement chinois a pris plusieurs mesures pour soutenir le marché immobilier et, lors de la réouverture complète de l’économie, cela oxygénerait l’économie mondiale, notamment en garantissant la sécurité de l’approvisionnement en pièces et autres produits.
Le marché boursier a déçu en 2022 et, par conséquent, cela a également rendu les valorisations plus attrayantes. Bien que les valorisations puissent également subir des pressions à l’avenir, nous avons aujourd’hui un point de départ plus intéressant concernant les valorisations aux États-Unis ou en Europe par rapport à l’année dernière.
Les obligations sont de retour, les investisseurs ont maintenant des alternatives aux actions. L’environnement de taux d’intérêt bas a fait que les obligations ont offert peu d’options aux investisseurs obligataires ces dernières années, laissant beaucoup d’entre eux chercher des revenus dans les actions à dividendes. La situation est différente aujourd’hui, ce qui redonne aux investisseurs la possibilité de diversifier leur portefeuille grâce à des obligations.
2023 n’échappera pas à la volatilité, et certainement au premier semestre. Mais il reste important d’envisager une stratégie à long terme en 2023 également. Actuellement, malgré les hausses de taux d’intérêt, le niveau de l’inflation fait que les liquidités offrent toujours des taux d’intérêt réels négatifs. Les marchés essaient toujours d’aller de l’avant et ceux qui attendent une reprise courent le risque de manquer les meilleurs jours en bourse. Il est donc plus important que jamais de diversifier correctement son portefeuille et de rester fidèle à sa stratégie.